Cet billet a pour but de vous présenter les oeuvres chantées en première partie des concerts des 13 et 15 décembre 2019

Rappelons qu’un motet est une composition vocale (parfois accompagnée par des instruments) d’inspiration religieuse. Les présents motets sont a cappella, c’est-à-dire pour voix seules. Trois d’entre eux sont pour chœur mixte à quatre voix, le second (Tota pulchra es), pour voix de femmes. Le compositeur veut qu’ils soient toujours chantés ensemble et dans l’ordre. Chacun a pour point de départ un thème grégorien, exposé par un soliste avant le motet lui-même.

I – Ubi caritas

Ubi caritas et amor, Deus ibi est. Là où sont la charité et l’amour, Dieu est là.
Congregavit nos in unum Christi amor. L’amour du Christ a fait de nous un seul être.
Exultemus et in ipso jucundemur. Réjouissons-nous et qu’en Lui soit notre bonheur.
Timeamus et amemus Deum vivum. Craignons et chérissons le Dieu vivant.
Et ex corde diligamus nos sincero. Aimons-nous les uns les autres d’un cœur sincère.
Amen Ainsi soit-il.

Mélodie et texte étaient utilisés lors de l’office du Jeudi Saint quand on célébrait le moment où, au début de la Cène, Jésus lave les pieds de ses disciples, acte d’amour et de charité. Le thème grégorien est repris par les altos tandis que les deux voix graves déroulent sous lui un tapis d’accords le plus souvent homophones. La première séquence est répétée et suivie d’une seconde, immédiatement répétée elle aussi. Sur exultemus, le tempo s’accélère et les sopranos font leur entrée, reprenant le thème grégorien une quinte plus haut et entraînant l’ensemble dans une variation de caractère plus joyeux modulant vers Fa majeur, puis descendant peu à peu dans le grave (pour marquer la plus grande intimité suggérée par « d’un cœur sincère »), ce qui facilite la transition avec la reprise du début débouchant rapidement sur la cadence finale.

II – Tota pulchra es

Tota pulchra es, Maria, Ta beauté est parfaite, Marie,
et macula originalis non est in te. et tu n’as pas en toi la tache originelle.
Vestimentum tuum candidum quasi nix, Ton vêtement est blanc comme la neige,
et facies tua sicut sol. et ton visage est comme le soleil.
Tota pulchra es, Maria, Ta beauté est parfaite, Marie,
et macula originalis non est in te. et tu n’as pas en toi la tache originelle.
Tu gloria Jerusalem, Tu es la gloire de Jérusalem,
tu laetitia Israel, tu es la joie d’Israël,
tu honorificentia populi nostri. tu fais l’honneur de notre peuple.
Tota puchra es, Maria. Ta beauté est parfaite, Marie.

Le texte provient d’une prière du quatrième siècle et il mêle des extraits de deux livres de l’Ancien Testament, le Livre de Judith et le Cantique des Cantiques. Il est utilisé pour la fête de l’Immaculée Conception de la Vierge. La musique suit la structure du texte en reprenant trois fois le thème grégorien quand reviennent les paroles tota pulchra es, Maria. Les deux séquences intermédiaires développent librement des mélodies d’allure grégorienne, avec un accompagnement plus complexe fourni par les sopranos II divisées. La deuxième séquence est plus joyeuse. Les deux se terminent sur un accord de Sol ouvrant vers la reprise du thème initial.

III – Tu es Petrus

Tu es Petrus et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam. (Mathieu 16, 18-19) Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église.

Le thème grégorien, avec son balancement évoquant une volée de cloches, est réexposé par les ténors suivis des sopranos, tandis qu’altos et basses le reprennent en décalage à partir de deux autres notes de l’accord de Sol majeur. Un élément rythmique caractéristique, la fin de la séquence sur deux noires, parcourt l’ensemble du motet, symbolisant peut-être la solidité du fondement sur lequel repose l’Église.

IV – Tantum ergo

Tantum ergo sacramentum C’est donc un si grand sacrement
Veneremur cernui, Que nous célébrons courbant la tête,
Et antiquum documentum Et que l’ancien enseignement
Novo cedat ritui, Cède la place au rite nouveau,
Praestet fides supplementum Que la foi prête un appui complémentaire
Sensuum defectui. À la faiblesse de nos sens.
Genitori, genitoque À celui qui engendre et à celui qui est engendré
Laus et jubilatio, Que soient adressées louange et jubilation,
Salus, honor, virtus quoque Salut, honneur et vertu
Sit et benedictio, Ainsi que bénédiction,
Procedenti ab utroque Qu’à celui qui procède de l’un et de l’autre*
Compar sit laudatio. Soit adressée une identique louange.
Amen. Ainsi soit-il.

* la périphrase désigne le Saint-Esprit

Le texte, en vers rimés (alternant huit et sept syllabes) est du théologien Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) et il est employé au cours de la bénédiction du Saint-Sacrement. Ce motet est le plus polyphonique des quatre. Les sopranos exposent dans leur intégralité les deux strophes du thème grégorien et les ténors le reprennent avec un décalage et de légères modifications, comme une sorte d’écho déformé. Les altos brodent de légers ornements tandis que les basses se voient confier un accompagnement dynamique comportant de grands intervalles, contrastant avec la calme solennité du thème grégorien.

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